Articles du Vendredi : Sélection du 20 avril 2018

En Australie, hécatombe «catastrophique» de coraux dans la Grande barrière

AFP
www.liberation.fr/planete/2018/04/19/en-australie-hecatombe-catastrophique-de-coraux-dans-la-grande-barriere_1644400

Pollution : la Californie attaque l’Agence fédérale de protection de l’environnement

Sciences et Avenir avec AFP
www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pollution/pollution-la-californie-attaque-l-agence-federale-de-protection-de-l-environnement_123037

« L’Etat, monstre froid face aux zadistes »

Stéphane Foucart
Le Monde

Bernard Friot : « Si Macron gagne son pari de la réforme de la SNCF, il faut se faire du souci pour le reste »

Entretien avec Bernard Friot
https://reporterre.net/ENTR-Bernard-Friot-Si-Macron-gagne-son-pari-de-la-reforme-de-la-SNCF-il-faut-se

Macron et Trudeau, ensemble pour le CETA, ensemble contre le climat!

Maxime Combe
https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/160418/macron-et-trudeau-ensemble-pour-le-ceta-ensemble-contre-le-climat

Face à Bourdin et Plenel, Macron a dit préférer le terme d'”optimisation fiscale”, alors que les journalistes parlaient de “fraude” ou d’”évasion”. Quelle est la différence ?

Liberation
https://liberation.checknews.fr/question/62501/face-a-bourdin-et-plenel-macron-a-dit-preferer-le-terme-d-optimisation-fiscale-alors-que-les-journalistes-parlaient-de-fraude-ou-d-evasion-quelle-est-la-difference

Bizitza burujabea eskubide osoz ! Kapitalismotik deskonekta gaiten

Alternatiba Herria 2018 Iruñea
http://alternatibenherria.eus/manifestua-irunea/

En Australie, hécatombe «catastrophique» de coraux dans la Grande barrière

AFP
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30% des coraux de cet ensemble unique sont morts durant une vague de chaleur en 2016.

La Grande barrière australienne, joyau du patrimoine mondial de l’humanité, a subi une hécatombe «catastrophique» de ses coraux pendant une vague de chaleur en 2016, menaçant une plus grande diversité de vie marine qu’estimé jusqu’alors, prévient une étude jeudi.

Environ 30% des coraux du vaste ensemble sont morts durant la vague de chaleur survenue entre mars et novembre 2016, le premier épisode de deux années consécutives de blanchissement.

Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1981, le récif s’étend sur environ 348 000 kilomètres carrés le long de la côte australienne et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde.

D’après l’étude publiée par la revue scientifique Nature, le corail, qui sert d’habitat à d’autres créatures marines, a été durement touché par la hausse des températures de l’eau consécutive au réchauffement climatique.

Coraux stressés

Terry Hugues, co-auteur de l’étude et directeur du Centre d’excellence pour les études sur les récifs coralliens de l’Université James Cook, a expliqué à l’AFP que les plus menacés sont les coraux à branches comme les tables de corail qui fournissent leurs cachettes aux poissons juvéniles. Les coraux les plus susceptibles de tenir le choc sont lisses, en forme de melon, a poursuivi le chercheur. Ces coraux n’ont pas trop de mal à construire leur squelette mais «ils ne sont pas très utiles pour l’habitat», ajoute Terry Hugues.

Le blanchissement est un phénomène de dépérissement qui se traduit par une décoloration des coraux. Sous la pression de facteurs comme le réchauffement, les coraux stressés expulsent les algues avec lesquelles ils ont une relation symbiotique, et qui leur donnent couleur et énergie.

«Ce dépérissement corallien a provoqué des changements radicaux dans la variété des espèces dans des centaines de récifs individuels, où des communautés récifales matures et diversifiées se transforment en systèmes plus dégradés, où seules quelques espèces endurantes survivent», écrit Andrew Baird, autre scientifique.

L’étude appelle à la protection des coraux survivants, estimés à environ un milliard.

«C’est ceux-là qui vont réalimenter et ré-habiter des récifs altérés», dit Terry Hugues, ajoutant qu’il fallait améliorer la qualité de l’eau en réduisant la pollution côtière.

«Si nous continuons avec nos émissions…» 

Les efforts pour limiter le réchauffement climatique comme dans l’accord de Paris sont également cruciaux. «Nous avons eu quatre épisodes de blanchissement (1998, 2002, 2016 et 2017) sur la Grande barrière avec une hausse globale des températures de 1°C», souligne encore Terry Hugues. «Si nous continuons avec nos émissions comme si de rien n’était, je ne crois pas que la Barrière y survivra».

Les récifs recouvrent moins de 0,2% de la surface des océans mais abritent 30% des espèces animales et végétales marines, les protégeant des prédateurs et leur servant de garde-manger. Ils contribuent à la protection des côtes, à l’alimentation des hommes, ainsi qu’au tourisme.

Pollution : la Californie attaque l’Agence fédérale de protection de l’environnement

Sciences et Avenir avec AFP
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Le ministre de la justice et le bureau chargé de la qualité de l’air de Californie ont conjointement attaqué l’agence fédérale de protection de l’environnement contre son assouplissement des normes anti-pollution automobiles.

La Californie montre à nouveau son engagement pour l’environnement en s’attaquant encore une fois à l’administration Trump. Le ministre de la Justice Xavier Becerra ainsi que le Bureau californien chargé de la qualité de l’air California Air Resources Board (CARB) ont conjointement porté plainte mardi 10 avril 2018, en poursuivant l’agence fédérale de protection de l’environnement, l’EPA. Cette dernière a récemment annoncé des mesures d’assouplissements des normes anti-pollution automobiles.

Dans un communiqué, Xavier Becerra et le CARB s’insurgent contre le retrait “illégal” de l’EPA, de mesures “de longue date qui exigent des principaux pollueurs – comme les raffineries pétrolières et les usines chimiques – d’agir durablement pour faire baisser leurs émissions polluantes“. Si le retrait des mesures de protection de l’air entre en vigueur, “des enfants en Californie et partout dans le pays, particulièrement ceux qui vivent près d’usines polluantes, vont grandir avec des tonnes de particules dangereuses supplémentaires dans l’air qu’ils respirent“, assure le ministre de la Justice. “Au lieu de faire une priorité de la santé des Américains qui travaillent dur, l’administrateur de l’EPA Scott Pruitt veut lâcher la bride aux principaux pollueurs. C’est inconscient et illégal“, déplore t-il.

Xavier Becerra appelle le tribunal à invalider l’annulation de ces mesures par l’agence fédérale de protection de l’environnement, car cette décision va, selon lui, à l’encontre de la loi “Clean Air Act” sur la qualité de l’air et représente “un retournement capricieux et arbitraire” de la position de long terme de l’agence.

Démanteler le plan climat

Surnommées “CAFE” (Corporate Average Fuel Economy), les normes pour la période 2022-2025 avaient été fixées par l’administration de Barack Obama peu avant l’arrivée du républicain Donald Trump à la Maison Blanche. Cette décision répond donc à l’intention de Donald Trump de démanteler la majeure partie du “plan climat” établi par son prédécesseur. Le magnat de l’immobilier a également choisi de retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, estimant qu’il nuit aux intérêts économiques américains.

Les normes CAFE prévoyaient des augmentations graduelles de l’autonomie des véhicules pour atteindre un objectif de 54,5 miles pour un gallon d’essence en 2025, ce qui représente en France, 4,32 litres aux cent kilomètres. Avec le recul des prix de l’essence ces dernières années, les consommateurs américains ont recommencé à acheter des véhicules plus gros et plus polluants, les SUV (4×4 de ville) et les “pickup” (camionnettes à plateau) représentant désormais plus de 60% du marché.

La Californie et l’administration Trump sont en guerre ouverte sur de nombreux secteurs (armes, immigration, environnement). Le département de la Justice a poursuivi le bastion démocrate, où la plus grande partie des habitants sont d’origine hispanique, pour sa politique “sanctuaire” face aux sans-papiers, tandis que le ministre de la Justice californien a porté plainte plusieurs fois contre le gouvernement fédéral.

« L’Etat, monstre froid face aux zadistes »

Stéphane Foucart
Le Monde

Dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde », estime que l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes marque l’interruption d’une expérience sociale et politique d’autonomie qui aurait pu être une source d’inspiration.

De passage à Paris, un universitaire israélien regarde à la télévision les images de l’intervention des forces de l’ordre, à Notre-Dame-des-Landes. « Tout ça pour quelques gars qui veulent monter un kibboutz… », dit-il goguenard. Plus votre adversaire est minuscule, plus son écrasement doit être spectaculaire. Dans le bocage nantais, 2 500 gendarmes mobiles, bottés et casqués, équipés de toutes sortes de grenades et d’armes de jet, appuyés de bulldozers et de pelleteuses, de véhicules blindés et d’hélicoptères, ont offert le spectacle d’une certaine forme de faiblesse – celle qui vous fait rouler des épaules devant les plus petits que vous. Nul ne songerait à nier qu’il y avait, cette semaine dans la « zone à défendre » (ZAD), agrégée aux agriculteurs et à la majorité paisible des zadistes qui vivent là, une population avide d’en découdre. Nul ne songerait non plus à nier que les affrontements furent violents et que, de part et d’autre, plusieurs dizaines de blessés sont à déplorer. Mais, au final, de quoi s’est-il agi ? Il s’est agi, pour l’Etat, de déloger d’une petite zone humide quelque deux cents personnes désireuses de liberté et d’autonomie. La majorité n’est pas constituée de forcenés radicalisés et « ultraviolents », comme on l’a lu et entendu ici ou là, mais plutôt de femmes et d’hommes engagés dans des projets, formels ou informels, d’agriculture, d’artisanat, etc.

Comme l’ont montré les reportages de notre confrère Rémi Barroux, ce qui se joue là-bas est une expérience sociale et politique, la recherche et l’invention de nouvelles formes d’organisation et de vie collectives, d’une autre relation à l’environnement, d’une autre façon d’habiter et d’utiliser le monde.

Le bénéfice de la marge

Dans un livre somptueux (Zomia, ou l’art de ne pas être gouverné, Seuil, 2013), l’anthropologue américain James Scott a raconté l’histoire des peuples nichés dans la Zomia – du nom de cette longue chaîne montagneuse qui traverse l’Asie du Sud-Est – et qui tentent, depuis deux millénaires, d’échapper au joug des « Etats rizières » installés dans les plaines. James Scott montre comment  cette âpre et opiniâtre volonté de se soustraire à l’autorité des Etats a forgé la culture et les modes de vie de ces peuples, mais il montre aussi comment ces gens des marges ont apporté un bénéfice à ceux du centre. Par l’entretien et la connaissance de leur environnement, par leur savoir-faire qui leur permettait de l’exploiter, ces montagnards ont parfois offert aux plaines étatisées des biens rares qui ont fait leur richesse (calambac, ébène, ambre, poivrier long, bois de sapan, santal, gomme-gutte, graines de krabao…).

L’Etat est un monstre froid, disait Nietzsche, il est aussi un monstre idiot. Il cherche sans répit l’assujettissement de ses périphéries, leur domination, leur mise en coupe réglée, et enfin leur destruction par le nivellement, quand celles-ci peuvent lui apporter bien plus lorsqu’elles demeurent libres.

Cela valait pour la Zomia comme cela vaut pour Notre-Dame-des-Landes. En l’occurrence, il ne s’agit pas d’une source de matières premières, bien sûr, mais d’une source d’inspiration et d’invention. Car il est probable qu’au moins en germe l’expérience de la ZAD contienne des éléments de solutions à nombre de grands problèmes auxquels nous sommes confrontés.

« Force poétique »

Un collectif d’une centaine d’architectes et de paysagistes le dit avec force dans un texte publié le 6 avril sur Mediapart. « La ZAD, c’est aussi l’aventure de ses constructions. Ce sont des corps de ferme rénovés lors de grands chantiers collectifs, de nouveaux hangars agricoles aux charpentes impressionnantes ; c’est aussi la force poétique des nombreuses cabanes dans les arbres, au milieu d’un lac, au coin d’une friche, ou d’un champ (…), écrivent-ils. Hors norme, multiples, divers, poétiques, adaptés, bidouillés, légers, sobres, précaires, faits de matériaux locaux ou de réemploi, en terre, en bois, en paille ou en récup, ces constructions répondent à leur échelle aux enjeux écologiques et énergétiques, à rebours du monde que l’industrie du béton et de l’acier est en train de construire partout sur la planète. »

Ce sont ces maisons, faites d’imagination, d’huile de coude, et de bric et de broc, que, pour flatter la part de son électorat qui n’aime que le bitume et les angles droits, le gouvernement a fait raser. Nous pouvons mépriser, déplorer ou moquer ce qui se passe à Notre-Dame-des-Landes, mais pourquoi vouloir à tout prix que cesse cette expérience en cours ? Pourquoi ne pas attendre, par simple curiosité, d’observer toute l’étendue de ce qui peut en sortir ? « Des jeunes qui veulent vivre sans Etat, ça ne me choque pas, a confié Daniel Cohn-Bendit à Rémi Barroux. La question que l’on doit se poser, c’est pourquoi n’y-a-t-il pas des espaces où l’on puisse vivre autrement ? » Pour le gouvernement, vider l’abcès de Notre-Dame-des-Landes a donc consisté à donner raison aux défenseurs de l’environnement en opposant un coup d’arrêt au projet d’aéroport, mais à engager ensuite une normalisation de la zone épargnée par le béton. Or, pour tous ceux qui doutaient de l’intérêt du projet aéroportuaire, l’important est autant la nature préservée du bocage que l’expérimentation que ses occupants y mènent. Le gouvernement ne l’a pas compris. Il veut garder l’écrin et jeter le joyau.

Audrey Pulvar : “SNCF, une réforme sur de mauvais rails”

Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), et Alain Grandjean, économiste, membre du conseil scientifique de la FNH signent dans le JDD un avertissement contre la réforme envisagée de la SNCF.

www.lejdd.fr/politique/audrey-pulvar-sncf-une-reforme-sur-de-mauvais-rails-3626705

 

“Le ferroviaire n’est pas l’ennemi de la finance publique, il est l’un de nos meilleurs alliés pour mener une transition écologique économiquement efficace, socialement juste et territorialement équitable. La réussite de l’enjeu du siècle, la transition écologique, ne peut faire l’économie du renouveau du rail.” Le ton est ferme. Dans le Journal du Dimanche, Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), et Alain Grandjean, économiste, membre du conseil scientifique de la FNH signent une tribune contre la réforme de la SNCF.

 

Notre système ferroviaire va mal. Pour les usagers, le désinvestissement dans les lignes secondaires – les Intercités de jour et de nuit, en France et vers l’Europe – a affaibli la position du train, reportant le trafic vers l’avion et la voiture individuelle. Pour le transport de marchandises, l’incohérence est maximale : en recul permanent, il compte aujourd’hui pour moins de 10 % du trafic en France, situation unique en Europe, alors que les tonnes-kilomètres transportées ont crû de plus de 70 % en vingt-cinq ans!

La dette de SNCF Réseau est une construction comptable

À la nécessité d’investissement, le gouvernement oppose le problème de la dette, et place celle-ci au centre des négociations. Or la dette de SNCF Réseau est une construction comptable. Nous appelons donc le président de la République à respecter l’une de ses promesses de candidat : faire reprendre intégralement la dette de la SNCF par l’État, comme l’Allemagne a pu le faire. La dette de la SNCF profitant déjà de la garantie publique, il s’agit d’un jeu comptable sans impact réel sur le déficit public, mais grandement libérateur pour le ferroviaire.

La dette, cet argument facile et bien pratique pour qui veut minorer la compétitivité du train… Le rail et la route relèvent d’infrastructures publiques. Pourtant, a-t-on jamais entendu parler de “dette de la route” dont la construction et l’entretien, excepté pour les autoroutes, sont intégrés au budget de l’État et des collectivités ? Pas de dette, pas de sujet de débat ? Entre 1990 et 2015, la France a investi 276 milliards d’euros dans le réseau routier quand elle consacrait 78 milliards d’euros au ferroviaire. Dès juillet 2017, en n’intégrant pas le ferroviaire à son plan climat, le gouvernement s’est inscrit dans la continuité d’une politique depuis trop longtemps menée à l’aune d’une logique comptable, sans vision positive pour le rail. Or, il y a tant à faire!

La réussite de l’enjeu du siècle, la transition écologique, ne peut faire l’économie du renouveau du rail

Pour chaque voyageur, le niveau d’émission de CO² du train est imbattable : 8,4g de CO² par kilomètre parcouru, contre 45 g pour l’autocar et 168 g pour l’avion ! Dans un monde soumis à l’urgence climatique, alors que la France s’enorgueillit de rendre la planète great again, le gouvernement renâcle encore à investir massivement dans le train, à moderniser les rames, développer les services à bord, relancer les trains de nuit ou favoriser la mobilité multimodale (train-tram- autopartage-vélo…). Quant aux “petites lignes”, cessons l’hypocrisie! Oui, il existe quelques rares cas pour lesquels le maintien d’une liaison ferroviaire ne se justifie plus. Mais pour la plupart de ces prétendues petites lignes, on oublie de parler de leur potentiel, sous-exploité, ce qui assigne les citoyens à l’usage de la voiture. Fermer des lignes? Écoutons ce qu’en disent leurs usagers, et les territoires concernés. C’est à leur niveau que doit être rendu l’arbitrage. À la réforme ferroviaire de leur donner les moyens nécessaires – la rénovation du rail coûte 3 milliards d’euros par an – et de garantir l’équité entre territoires.

Un mot du fret enfin, et une question : pourquoi la France s’entête-t-elle à faire disparaître le fret ferroviaire, quand l’Allemagne, si souvent prise en exemple par le gouvernement à propos de sa réforme, a au contraire choisi de développer ce mode de transport de marchandises efficace du point de vue énergétique et climatique, et bien moins polluant que le routier, accroissant son trafic de 40 % en dix ans?

Le ferroviaire n’est pas l’ennemi de la finance publique, il est l’un de nos meilleurs alliés pour mener une transition écologique économiquement efficace, socialement juste et territorialement équitable. La réussite de l’enjeu du siècle, la transition écologique, ne peut faire l’économie du renouveau du rail. 

Bernard Friot : « Si Macron gagne son pari de la réforme de la SNCF, il faut se faire du souci pour le reste »

Entretien avec Bernard Friot
https://reporterre.net/ENTR-Bernard-Friot-Si-Macron-gagne-son-pari-de-la-reforme-de-la-SNCF-il-faut-se

Les cheminots sont à nouveau en grève contre la réforme de la SNCF, qui prévoit notamment la suppression du statut de cheminot. Pour Bernard Friot, sociologue et économiste, cette réforme s’inscrit dans une contre-révolution néolibérale contre celles et ceux qui bénéficient d’un salaire à vie.

Bernard Friot est un sociologue et économiste, professeur émérite à l’université Paris X-Nanterre. Il a écrit de nombreux ouvrages sur la Sécurité sociale et le salariat. Son dernier livre, paru en 2017 aux éditions La Dispute, s’intitule : Vaincre Macron.

 

Reporterre — Pourquoi le gouvernement se focalise-t-il autant sur le statut des cheminots ?

Bernard Friot — Depuis la fin des années 1980, la seconde gauche emmenée par Michel Rocard a lancé une offensive absolument déterminée contre le salaire à la « qualification personnelle », autrement dit contre le statut des fonctionnaires ou de certains salariés comme les cheminots. Cette contre-révolution se prolonge jusqu’à aujourd’hui, Emmanuel Macron étant un parfait « baby Rocard ».

Ce salaire à la qualification personnelle est pourtant la conquête sociale majeure du XXe siècle face au capital ! Macron veut des free-lance, des autoentrepreneurs, afin que la reconnaissance du travailleur s’opère sur un marché — marché du travail ou des biens et services.

Tout au long du XXe siècle, le combat des mouvements sociaux a été d’imposer au capital d’employer les travailleurs. En 1910, le contrat de travail va lier le salaire au poste de travail, et non plus à la tâche. Puis, mieux que ça : le mouvement social va obtenir le salaire lié à la personne même. Au cours du siècle dernier, on assiste ainsi à une lente montée en puissance de ce salaire à la qualification personnelle : en octobre 1946, la loi Thorez sur les fonctionnaires concerne 500.000 personnes. Aujourd’hui, ce sont 5,5 millions de personnes : les fonctionnaires, les salariés à statut (cheminots, EDF, RATP, etc.), la moitié des retraités. Tous ont une forme de salaire lié à la personne, détaché du fait qu’ils aient un poste, ce qu’on appelle aussi salaire à vie.

Et il y a une haine de classe pour ça ! La classe dominante est absolument déterminée à maintenir la reconnaissance sociale du travailleur dans une logique marchande. Accepter que des gens soient payés pour un attribut qui leur est propre, que ce ne soit pas leur poste qui soit qualifié, mais eux, c’est un refus absolu ! L’idée que les travailleurs se libèrent de l’aléa du marché, qu’ils puissent relever la tête parce qu’ils sont titulaires de leur salaire, ça leur est insupportable.

Une classe dirigeante ne défend pas ses sous, elle défend son pouvoir sur le travail, parce que c’est de ce pouvoir qu’elle tire ses sous. Or, ce pouvoir repose sur deux institutions : l’aléa marchand pour la reconnaissance du travailleur — c’est-à-dire le fait que le travailleur soit un individu sur un marché — et la propriété lucrative de l’outil. L’attaque de Macron contre la SNCF porte sur ces deux institutions : l’ouverture à la concurrence (la propriété lucrative de l’outil) et le statut du cheminot (l’aléa marchand pour le travailleur).

Pourquoi se centrer sur les cheminots plutôt que sur les fonctionnaires ?

La fonction publique est effectivement le dernier bastion du salaire à vie, mais elle a moins de tradition syndicale combative que les cheminots. Étant donné qu’Emmanuel Macron a pu réformer depuis un an sans coup férir, il fait un pari : s’il gagne contre les cheminots, donc contre les plus combatifs, il pense avoir un boulevard pour les fonctionnaires, dont la plupart partagent un certain défaitisme. Il a donc ajouté cette réforme de la SNCF qui n’était pas dans son programme. De fait s’il gagne ce pari, il faut se faire du souci pour le reste.

Donc, à l’inverse, le combat que le mouvement social doit mener, c’est l’extension du statut du cheminot à tous, comme le dit Philippe Martinez.

Effectivement. La seule bataille qui soit fédérative, c’est celle qui propose d’étendre à tous la libération vis-à-vis du marché du travail. C’est donc l’extension à tous et toutes d’un salaire à la qualification personnelle, aussi appelé salaire à vie. L’idée est la suivante : à 18 ans, chacun se voit attribuer un premier niveau de qualification, et le salaire correspondant, ces qualifications et salaires pouvant augmenter ensuite au cours de la vie professionnelle. Par exemple, ce salaire pourrait commencer à 1.500 euros nets par mois à 18 ans et aller jusqu’à un salaire maximum de 6.000 euros si l’on retient quatre niveaux de qualification, ce qui correspond aux conventions collectives les plus avancées.

En quoi est-ce différent du revenu de base ?

Le revenu de base ne s’attaque pas — y compris quand il s’élève à 1.000 euros par mois — à la logique du capital. Il n’offre pas vraiment d’alternative au marché pour la reconnaissance des travailleurs. Ce n’est qu’un premier pilier de ressource. Or, quand on cumule une allocation fiscale, comme le revenu de base, et du salaire, c’est toujours au détriment du salaire. L’employeur peut se dédouaner et dire « tu as déjà 800 balles, voici 400 balles, et tu as ton Smic ». C’est ce qui se passe avec le RSA activité.

Le revenu de base est porté par des écologistes, mais c’est une erreur intellectuelle ! En aucun cas le revenu de base ne peut être un soutien à la décroissance.

En quoi le salaire à vie pourrait-il être moteur de décroissance ?

Parce qu’il n’est pas isolable d’une proposition plus générale. Il ne se conçoit pas sans une révolution. C’est un élément d’un autre mode de production que le système capitaliste.

Le salaire à vie signifie que nous sommes porteurs du salaire parce que nous produisons la valeur économique. Et donc, nous devons être propriétaires de l’outil de travail et décider de l’investissement. Avec le droit politique au salaire vient la propriété d’usage et patrimoniale de l’outil de travail.

Dans le système capitaliste, la seule chose qui intéresse un propriétaire lucratif, ce qui guide sa décision en matière de production, c’est : « Est-ce que ça rentabilise le capital ? » Point. Il ne se pose aucune question quant à l’utilité sociale, quant à la prédation sur la nature. Nous sommes dans une dictature de la rentabilité financière du patrimoine.

À l’inverse, dans un système avec un salaire à vie et sans propriété lucrative des outils de travail, que se passe-t-il ? L’entreprise n’a plus l’obsession de payer ses salariés puisqu’elle verse une cotisation au prorata de sa valeur ajoutée à une caisse commune, et c’est la caisse qui paye ses salariés. Elle n’a plus l’obsession des emprunts puisqu’elle ne s’endette plus, elle est subventionnée. En revanche, elle verse une cotisation — qui remplace le profit — permettant de financer des caisses d’investissement gérées par les travailleurs.

Quels sont les prochains pas pour renforcer le mouvement ?

Il faut fédérer. Car il y a une cohérence dans ces contre-réformes de la SNCF, de l’université, des hôpitaux.

Prenons la lutte des étudiants contre la sélection. Ce que veut Macron au départ, c’est la réforme du bac : un bac à la carte, avec beaucoup de contrôle continu. Le bac va être lié au type d’établissement dans lequel on l’a passé, et non plus un examen national. Donc, si le bac n’a plus de cours à l’échelle du pays, il faut de la sélection à l’université, c’est cohérent. C’est déjà ce qui se passe en Angleterre !

La sélection met en compétition les étudiants, mais aussi les établissements. Ils vont embaucher très cher des profs très connus pour attirer les meilleurs étudiants, tout ceci va entraîner des coûts, des hausses des frais d’inscription, et donc des prêts pour les étudiants. Derrière la logique d’endettement, il y a l’idée qu’un étudiant ne travaille pas, il n’est pas productif, mais il a le droit d’avoir un prêt qu’il remboursera quand il bénéficiera d’une amélioration de son capital humain lié à ses études.

Là aussi, la réponse à apporter, c’est que nous avons tous droit à une qualification de 18 ans à notre mort, et à un salaire correspondant.

Vous dites que le salaire à vie n’adviendra qu’avec une révolution. Comment fait-on ?

C’est très facile en matière économique mais beaucoup plus difficile en matière politique. Gramsci nous raconte qu’une classe est dirigeante lorsqu’elle est hégémonique, c’est-à-dire quand elle fait accepter son récit du réel par ceux qu’elle domine. Donc, il faut imposer un contre-récit. Expliquer que le salaire à vie n’est pas irréalisable, qu’il existe déjà. Nous devons avoir conscience que la bataille autour du salaire à la qualification est la mère des batailles. On n’en est pas là. Pour le moment, c’est plutôt une addition de rages.

Qu’est-ce qui fait qu’en 2018 ça pourrait marcher ?

De nombreux jeunes entrent en dissidence. Avec toutes les mesures jeunes — les emplois jeunes, les services civiques —, on a complètement fait chuter le salaire d’embauche. À 25 ans, en euros constants, ce salaire est deux fois et demie moindre que ce qu’il était à la fin des années 1960, alors que le pays est infiniment plus riche. Il y a donc eu un effondrement complet, qui a entraîné beaucoup de jeunes dans la révolte. Ils ne vont plus sur le marché du travail, ils recherchent des alternatives au capital, ici et maintenant. Beaucoup de jeunes diplômés ne jouent pas le jeu. S’il s’ajoute à cela des travailleurs indépendants qui se rendent compte combien ils sont exploités et qui ne veulent plus payer la rente aux propriétaires et créer des coopératives, ça commence à être intéressant.

Mais il faut aussi un syndicalisme qui soit capable de dire à tous ces jeunes qui sont dans la dissidence : on peut faire autrement, nous avons déjà conquis le salaire non lié à un emploi, allons-y battons-nous pour l’extension à tous du salaire à vie !

LE STATUT DES CHEMINOTS, UN EMPLOI À VIE

Le tout premier statut de cheminot date de 1920, mais il a été modifié à plusieurs reprises. La principale différence avec un contrat de droit privé (type CDI), c’est que le statut de cheminot met les agents de la SNCF à l’abri d’un licenciement économique. En effet, il prévoit seulement trois cas de départ : la démission, la retraite ou la radiation. Comme pour les fonctionnaires, on parle ainsi d’emploi à vie, ou, comme l’explique Bernard Friot, de salaire à la qualification personnelle.

90 % des 150.000 salariés de la SNCF relèvent de ce statut. Il s’accompagne d’une période d’essai plus longue, d’un an à deux ans et demi pour certains cadres.

Macron et Trudeau, ensemble pour le CETA, ensemble contre le climat!

Maxime Combe
https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/160418/macron-et-trudeau-ensemble-pour-le-ceta-ensemble-contre-le-climat

Réunis à Paris ce lundi 16 avril, Emmanuel Macron et Justin Trudeau tentent de défendre le CETA alors que cet accord de commerce et d’investissement entre l’UE et le Canada a été reconnu comme n’étant pas compatible avec la lutte contre les dérèglements climatiques par de nombreux experts. En défendant conjointement le CETA, ils portent, à nouveau, un rude coup au climat.

Justin Trudeau vise juste lorsqu’il affirme qu’il est « totalement aligné avec Emmanuel Macron sur les grands enjeux internationaux » :

  • face à Trump, les deux Chefs d’Etat se disent et se présentent comme les garants de la lutte contre les dérèglements climatiques
  • dans les faits, ils négocient et signent des accords qui ne sont pas compatibles avec la lutte contre les dérèglements climatiques, tels que le CETA ;
  • sur le plan national, ils sont vivement critiqués pour des décisions qui vont aggraver la crise climatique : manque d’ambition de la politique de transition énergétique en France (prolongation de permis de recherche d’hydrocarbures, nouvelles autoroutes etc.) et en Europe (énergies renouvelables bridées, financements gaziers démultipliés), ainsi qu’au Canada (élargissement de l’oléoduc Trans Mountain, entre l’Alberta et Vancouver).

Sans renégociation intégrale du CETA, aucune forme de « veto climatique » ne sera introduite et les promesses d’Emmanuel Macron et Justin Trudeau resteront des promesses en l’air qui n’inversent pas la logique du CETA : les intérêts à court terme des acteurs économiques, préservés par un droit dur et sanctionnable, priment sur les engagements climatiques qui, en plus de ne pas être mentionnés dans le texte du CETA, ne sont pas opposables.

Le 26 septembre dernier, Emmanuel Macron affirmait ne pas vouloir « de discussions commerciales avec les règles d’hier, qui nous ont conduits à ces situations absurdes que nous avons aujourd’hui sur l’accord entre l’Europe et le Canada ». Aujourd’hui, il salue le CETA avec Justin Trudeau pour qui cet accord doit fonder l’avenir du « partenariat renforcé » entre la France et le Canada. Entre temps, rien n’a changé. Ni dans le CETA, ni dans la politique commerciale de la France et de l’Union européenne.

Ce que nous craignions semble se confirmer : le « plan d’action » de Macron sur le CETA s’est transformé en un plan d’inaction et de renoncement. En France, et au niveau européen, la France n’est porteuse d’aucune vision alternative en matière de commerce et d’investissement.

Comment Emmanuel Macron et Justin Trudeau peuvent-ils prétendre porter une vision pour le Monde et la planète alors qu’ils soutiennent des accords de commerce et d’investissement qui fragilisent les sociétés et accentuent le dérèglement climatique ?

Compléments :

Face à Bourdin et Plenel, Macron a dit préférer le terme d'”optimisation fiscale”, alors que les journalistes parlaient de “fraude” ou d’”évasion”. Quelle est la différence ?

Liberation
https://liberation.checknews.fr/question/62501/face-a-bourdin-et-plenel-macron-a-dit-preferer-le-terme-d-optimisation-fiscale-alors-que-les-journalistes-parlaient-de-fraude-ou-d-evasion-quelle-est-la-difference

Quelle est la différence entre fraude, évasion et optimisation fiscale ?

Commençons par l’optimisation fiscale, expression chère aux yeux du président. Elle se définit par l’utilisation de moyens légaux  – le terme est important – pour baisser le montant de son imposition, voire y échapper. En d’autres termes : utiliser toutes les failles dans la loi pour payer moins d’impôts, voire pas d’impôt du tout selon la juridiction du pays dans lequel les bénéfices d’une société (la plupart du temps des multinationales) sont enregistrés.

Exemple connu d’optimisation fiscale : en octobre 2017, Le Monde faisait plusieurs révélations sur le patrimoine offshore de Bernard Arnault, patron de LVMH, qui a placé des actifs dans six paradis fiscaux différents (dont un yacht de 101 mètres détenu par une société maltaise). Le patron de LVMH s’était d’ailleurs défendu, à l’époque, rappelant que ses actifs avaient été constitués «de manière parfaitement légale». Ce que Le Monde n’avait jamais contesté. Le recours à l’optimisation fiscale est donc légal, mais souvent contesté d’un point de vue moral.

La fraude fiscale consiste, quant à elle, à utiliser des moyens illégaux pour baisser le montant de son impôt, voire y échapper. C’est par exemple un contribuable français qui va prétendre habiter à l’étranger pour ne pas payer d’impôt sur le revenu en France.

La définition d’évasion fiscale est plus complexe, puisqu’elle relève à la fois de la fraude et de l’optimisation.

Elle est définie par le ministère de l’économie comme «l’ensemble des comportements du contribuable qui visent à réduire le montant des prélèvements dont il doit normalement s’acquitter. S’il a recours à des moyens légaux, l’évasion entre alors dans la catégorie de l’optimisation. À l’inverse, si elle s’appuie sur de techniques illégales ou dissimule la portée véritable de ses acteurs, l’évasion s’apparente à la fraude».

Pour résumer : l’optimisation fiscale est contestée, mais légale. La fraude fiscale est illégale. L’évasion fiscale se situe un peu entre les deux. Si elle est légale, on dira que c’est de l’optimisation. Si elle ne l’est pas, elle rentrera alors dans le cadre de la fraude.

Bizitza burujabea eskubide osoz ! Kapitalismotik deskonekta gaiten

Alternatiba Herria 2018 Iruñea
http://alternatibenherria.eus/manifestua-irunea/

Manifestua

  1. urtean Parisko COP21 klimaren inguruko goi-bileraren harira 10, 100 edo 1.000 Alternatiben Herri eraikitzeko deialdia luzatu zen. Baionakoa izan zen horietako bat, eta Bilbokoak txanda hartu zion bi urte beranduago, Euskal Herriko Eskubide Sozialen Kartaren eskutik. Egun batez erakusketek, hitzaldiek, tailerrek, eta batzarrek Kapitalismoari eredu alternatiboa eraikitzea posiblea eta desiragarria dela erakutsi zuten, martxan dauden hainbat eta hainbat proiektu eta borroka ezagutuz.

Gure bizitza eta natura arriskuan daudela ohartarazi genuen: desberdintasunak gero eta handiagoak dira, kapitalak aberastasuna bereganatzen du, aldaketa klimatikoa, eskubide sozialen galera, bazterkeria soziala gero eta larriagoa, baliabide naturalen xahutzea, pribatizazioak, patriarkatuaren indartzea, antolatzea eta erabakitzea eragoztea, produkzio eta kontsumo eredu jasanezinak…

Urte batzuk pasa dira, eta Neoliberalismoaren propagandak “errekuperazioa” du hizpide, herrien eta biosferaren egoera gero eta okerragoa denean, eta prekarietatea gero eta gehiago zabaltzen ari denean. Errefuxatuen aurkako Apartheidak argi erakusten du sistemaren perbertsioa: pertsonen eskubideak jaiotzen diren tokiaren araberakoak dira, edo dauzkaten ondasunen araberakoak. Europara beste kontinenteetako errekurtsoak ekartzen diren bitartean, pertsonei mugak ezartzen zaizkie. Aberastasun handienak gero eta handiagoak dira. Desertifikazioa, aldaketa klimatikoa eta baliabideen agortzea gero eta larriagoak dira Kapitalismo bortitz honetan.

Hala eta guztiz ere, urte hauetan zehar alternatibak zabaldu eta sendotu dira. Hamaika kontsumo talde eta ekonomia aldatzeko proiektu daude martxan. Milaka pertsonek parte hartzen dute borroka sozialean, sindikalean, ekologistan, LGTBIQ+, denok izan dezagun bizitza duina.

Euskal Herriko Eskubide Sozialen Kartaren deialdiaren harira, manifestu honen sinatzaileok eragile eta pertsona guztiak deitzen ditugu Iruñeko Alternatiben Herrian parte hartzea. 2018ko ekainaren 2an izango da. Aldarrikapen eta festa eguna izango da, proposamen ugariren erakuslea, handiak nahiz txikiak, egunerokoan betetzen gaituztenak. Ekimena bera bezain garrantzitsua da antolatzeko modua. Auzolanean egitea proposatzen dugu, parte hartu, eztabaidatu eta elkarrekin eragin nahi duten eragile eta pertsona guztien artean.

Alternatibak badaudela eta martxan daudela erakutsi nahi dugu, sistema dela aldatu beharrekoa. Horregatik beste gizarte eredu bat aldarrikatzen dugu, erdian pertsonak jarriz. Ongi bizitzeko, pertsonen eta herrien beharrak asetzeko, geure burua zaintzeko eta Lurra zaintzeko, dominazio eta injustiziarekin bukatzeko.

Ekimen honen helburu nagusiak hauek dira:

  • Martxan dauden alternatibak hedatzea eredu ekonomiko eta sozial berri bat eraikitzeko
  • Mobilizazioaren eta gizartea aktibatzearen beharra azpimarratu, trantsizio soziala eta ekologikoa gauzatzeko
  • Sareak sortu eta aliantzak egin eta indartzea Alternatiben Herria ospatu eta gero elkarrekin lanean jarraitzeko